Indicateurs
Pourquoi des indicateurs ?
Au cours du cycle de développement d'une culture (du semis jusqu'à la culture) ou d'un peuplement forestier (de la régénération à la maturité), plusieurs évènements climatiques majeurs sont susceptibles d'affecter son rendement ou la croissance, notamment :
- Le déficit hydrique (pluviométrie – évapotranspiration),
- L'excès d'eau,
- Les hautes températures,
- Les basses températures.
De même, l'intervention de phénomènes climatiques extrêmes et ponctuels comme la grêle, les tempêtes, le gel tardif et les feux peuvent impacter la productivité, que ce soit pour les cultures agricoles ou pour les massifs forestiers. A chaque culture ou type de peuplement correspond des périodes de sensibilité au cours desquelles un stress climatique peut induire un impact significatif sur la croissance ou sur le rendement final. Ainsi, la connaissance de la physiologie des cultures comme des essences forestières et des stress climatiques associés peut permettre de déterminer des indicateurs pertinents pour chaque système de production.
Afin d'illustrer les nouvelles conditions climatiques dans lesquelles plantes cultivées, les arbres et les animaux devront évoluer localement, les variables climatiques peuvent être retravaillées de manière à cibler des contraintes climatiques potentielles (préjudiciables au fonctionnement physiologique) ou bien inversement de nouvelles opportunités climatiques.
Exemple de contrainte climatique :
Les fortes chaleurs, caractérisées par un nombre de jours où la température maximale est supérieure à 25°C lors de la fin du cycle de développement des céréales à paille (le blé tendre notamment), provoquent un défaut de croissance des grains et donc limitent le rendement final.
Dans un contexte forestier, des températures maximales dépassant les seuils de tolérance peuvent entraîner un stress hydrique accru, une baisse de croissance ou une vulnérabilité accrue aux ravageurs.
Exemple d'opportunité climatique :
L'augmentation tendancielle de la température moyenne rend possible une valorisation d'un potentiel thermique supérieur, permettant par exemple d'envisager la réussite d'une culture dérobée entre deux cultures principales.
En forêt, cette évolution peut ouvrir la possibilité d'introduire ou de favoriser des essences mieux adaptées à des conditions plus chaudes, ou d'intensifier la croissance de certaines espèces déjà présentes dans des zones historiquement marginales.
De multiples calculs d'indicateurs sont envisageables selon les orientations de productions de chaque exploitation, qu'elle soit agricole ou forestière. La plupart du temps, les indicateurs agroclimatiques et sylvo-climatiques illustrent des enjeux similaires, par exemple le stress lié à l'augmentation du nombre de jours chauds. Cependant, les périodes d'intérêt, les seuils de température ou d'humidité, ainsi que les phases de sensibilité, peuvent être à ajuster selon les productions étudiées ou la zone géographique considérée.
Quels indicateurs ?
Afin d'aider les utilisateurs à cerner les possibilités de calcul en matière d'indicateurs, Climadiag Agriculture et Forêt rassemble plus de 300 indicateurs configurables couvrant les forêts et un grand nombre de productions et filières agricoles (grandes cultures, prairies, vigne, etc.). En amont de la sélection d’un indicateur spécifique, une nouvelle fonctionnalité de panorama d’indicateurs climatiques est proposée pour découvrir l’ensemble des enjeux climatiques d’ici 2050 pour un point de grille (distinction par saison de 8 indicateurs dont la température moyenne, le nombre de jours chauds, etc.).
Une fois l’un des 300 indicateurs configurables sélectionné, l'utilisateur a très régulièrement la possibilité de l’ajuster par le paramétrage de la période de calcul (date de début et date de fin) et/ou du seuil de calcul (température, pluviométrie, etc.), offrant de nombreuses possibilités d'explorations.
Tous ces indicateurs sont organisés selon une approche progressive en 3 thématiques :
Différentes variables climatiques (pluviométrie, température minimale, évapotranspiration, vent, etc.) sont proposées aux utilisateurs pour des calculs sur une année entière, par saison, par mois, etc. L'objectif de ces calculs est de comprendre l'évolution du climat localement au travers de différentes analyses climatiques avant d'essayer de faire des liens avec des impacts potentiels sur les productions agricoles :
- Quelle est l'évolution du nombre de jours de gel ?
- Quelle est l'évolution du nombre de jours de canicules ?
- Quelles est l'évolution des précipitations ?
- Quelle est l'évolution de la date du dernier gel printaniers ?
- Etc.
Les indicateurs pour l'agriculture sont classés en deux types : les indicateurs agro-climatiques et phéno-climatiques.
Indicateurs agro-climatiques :
Les utilisateurs peuvent choisir parmi de nombreuses thématiques par productions ou filières proposées. Dans chaque rubrique, plusieurs indicateurs agro-climatiques sont alors rassemblés par type de formule de calcul (moyenne, nombre de jours consécutifs, premier jour validant un palier, etc.), et concernent potentiellement de multiples types de stress climatiques (chaud, froid, déficit hydrique, etc.) en lien avec des périodes de sensibilité des différentes cultures. L'utilisateur pourra librement sélectionner l'un des indicateurs proposés, tout en pouvant ajuster la période de calcul ainsi que le seuil (de température, de pluviométrie, etc.) par défaut. Illustration d'indicateurs proposés pour la rubrique colza :
- Pluviométrie à l'implantation du colza (mm)
- Nombre de jours consécutifs sans pluie suite à l'implantation
- Déficit hydrique automnale (mm)
- Déficit hydrique en fin de cycle (mm)
- Gel automnal (nb de jours)
- Echaudage en fin de cycle (nb de jours)
- Etc.
Indicateurs phéno-climatiques :
Les utilisateurs peuvent choisir parmi plusieurs cultures proposées. Pour chacune des cultures des stades phénologiques (ou stade de développement des cultures) sont calculés à partir d'un modèle phénologique. Ensuite, des indicateurs phéno-climatiques vont permettre de calculer des stress climatiques potentiels en fonction de ces stades phénologiques. Les indicateurs phéno-climatiques proposés pour le blé tendre, le blé dur, le maïs grain et le maïs ensilage sont le fruit d'une collaboration avec l'unité INRAE AgroClim d'Avignon (plus d'informations).
Illustration de stade de cultures puis d'indicateurs phéno-climatiques calculés pour le maïs grain :
- Stades de culture :
- Semis
- Levée (BBCH 10)
- 8 feuilles (BBCH 18)
- 9 nœuds (ou d'avantage) discernables (BBCH 39)
- Floraison mâle (BBCH 65)
- Maturité physiologique (BBCH 87)
-
Indicateurs phéno-climatiques :
- Froid à la levée
- Rayonnement autour de la méïose
- Stress thermique à la floraison
- Stress hydrique en fin de cycle
Les nouveaux indicateurs pour la forêt permettent d'évaluer l'impact des évolutions futures du climat (bilan hydrique, température, nombres de jours de gel, nombre de jours chauds etc.) sur le développement des forêts. A terme, ces indicateurs sylvo-climatiques seront complétés par des indicateurs bioclimatiques, des indicateurs de risque de feu et des indicateurs physio-climatiques.
Les indicateurs agro-climatiques, phéno-climatiques et sylvo-climatiques ont le même objectif, à savoir qualifier l'impact potentiel d'un stress climatique au cours du cycle de développement de la plantation. La différence entre ces approches réside dans la définition de la période de calcul :
- Chaque année, le calcul s'applique sur une période basée sur des dates calendaires fixes pour les indicateurs agro-climatiques et sylvo-climatiques. Ces indicateurs constituent une première approche pour comprendre la nouvelle pression exercée par le climat et ont l'avantage d'être plus facile à déployer.
- Chaque année, un calcul des différents stades phénologiques de la culture est réalisé, préalablement au calcul de l'indicateur phéno-climatique qui sera basé sur différents stades phénologiques. Ainsi, l'indicateur phéno-climatique permet une plus grande précision en s'ajustant chaque année au cycle de développement de la plante influencé notamment par sa réponse à la température (notion de sommes de températures en degrés jours). Selon l'espèce et la variété, d'autres facteurs peuvent être intégrés comme la vernalisation et/ou la photopériode. Ces indicateurs demande une plus grande complexité de calcul et nécessitent de faire appel à un modèle phénologique.
Différence entre les indicateurs agro-climatiques (en bleu à gauche) et les indicateurs phéno-climatiques (en vert à droite) (source SICLIMA-INRAE)
Proposer un nouvel indicateur ?
Climadiag Agriculture et Forêt offre aux utilisateurs un accès à plus de 150 indicateurs prédéfinis couvrant un grand nombre de productions et filières agricoles et sylvicoles. Ces indicateurs climatiques et agro-climatiques demeure ajustables par l'utilisateur, que ce soit pour la période ou bien le seuil de calcul, permettant d'explorer de nombreuses requêtes.
Toutefois, Climadiag Agriculture et Forêt souhaite continuer à proposer aux acteurs agricoles et sylvicoles des indicateurs répondants à leurs besoins. Ainsi, les utilisateurs souhaitant proposer de nouveaux indicateurs d'intérêt, pour une culture déjà proposée ou bien une nouvelle culture ou pour la forêt, peuvent formaliser par mail leurs propositions à l'adresse suivante : climadiag-agriculture@solagro.asso.fr
Le module de découverte des enjeux climatiques (panorama d’indicateurs) et la restitution des indicateurs phéno-climatiques ont été ajouté en 2025 dans le cadre du programme Fabacée. Il s’agit du premier programme CEE retenu dans le secteur de l’agriculture, avec pour objectif d’accompagner les groupes d’agriculteurs et leurs structures d’accompagnement dans la durée pour faire baisser leurs charges en énergie et en intrants en les guidant dans la transition vers de nouvelles pratiques et de nouveaux équipements.
Les indicateurs agro-climatiques pour les cultures de pommes de terre, de pois de conserve et de lin fibre ont été mis à disposition dans Climadiag Agriculture et Forêt par Agro-Transfert Ressources et Territoires et ses partenaires (notamment Arvalis Institut du végétal, Junia et Unilet) dans le cadre du projet Res’eau. Projet financé par la région Hauts-de-France et les agences de l’eau Artois-Picardie et Seine Normandie.
De nouveaux indicateurs spécifiques à la forêt (indicateurs sylvo-climatiques) ont été ajoutés à Climadiag Agriculture et Forêt début 2026 sur la base de propositions du RMT AFORCE. La thématique Forêt sera progressivement enrichie, notamment d'indicateurs bioclimatiques liés à l'évolution des populations de ravageurs et d'indicateurs du risque de feu.